Certains éléments de l’Histoire du XXe siècle servent de manière explicite d’inspiration pour le jeu, même si certains aspects sont adaptés ou légèrement altérés pour correspondre aux besoins de la narration.
Le Harem
Le harem signifie « interdit aux hommes ». Le terme sert à désigner la suite des femmes qui entouraient un personnage important. C’est un lieu très hiérarchisé organisé par des règles strictes. On n’y trouvait que les femmes, les enfants et les eunuques, à l’exception de la proche famille masculine. Les règles en vigueur s’y appliquaient à tous, même au sultan.
La hiérarchie du harem est la suivante. Les habitantes sont d’abord esclaves, puis favorites, puis concubine (mère d’un enfant du roi), puis épouses si elles s’attirent la faveur du souverain. Au sommet trône la mère du Sultan, la Validé Sultane, qui a tout pouvoir sur le Harem.
Le Harem n’est pas dédié au plaisir de la chair, mais d’abord à fournir un héritier. Il est, dès lors, un instrument du pouvoir. Les femmes du Harem savent que la femme habile est celle qui, derrière la « Sublime Porte » du Harem, saura influencer les décisions du souverain.
La compétition est rude entre les femmes du Harem, surtout les mères de princes. En effet, à l’avènement d’un nouveau Sultan, tous ses frères sont étranglés pour éviter les conflits de succession. Les filles, quant à elles, sont en général mariées aux dignitaires de l’Empire.
Le Harem est donc un lieu dans lequel se trament énormément d’intrigues et de luttes de pouvoir. De plus, pour espérer séduites et être vues, le rôle de mère d’un futur Sultan imposait un certain niveau de connaissance et de talent oratoire. Le Harem était donc un lieu d’enseignement, les esclaves y apprenaient l’art oratoire, la calligraphie, la musique et les langues.
La loi interdisant de réduire en esclavage les musulmanes, toutes les femmes du Harem étaient d’origine caucasienne, et les lignées impériales ottomanes portent cette double ascendance, européenne et orientale. Avec de la connaissance et un sens de la séduction, une esclave pouvait donc espérer s’élever dans la hiérarchie du Harem.
À la fin de la période ottomane, l’Empire en déclin peine à maintenir ses traditions. Après la prise du pouvoir par les nationalistes Jeunes Turcs en 1908, la fermeture du Harem fut décidée. Des messages furent envoyés aux familles des esclaves pour leur proposer de retrouver leurs filles. La plupart des femmes refusèrent de partir, refusant de retrouver ce qui était souvent des conditions de vie misérables après avoir connu la splendeur du palais.
L’orientalisme
L’art Orientaliste s’élabore à partir des souvenirs de voyages d’explorateurs, ou tout simplement de l’idéalisation de l’Orient.
Dans ce contexte, le Harem, un système opposé aux cultures sociales monogames, devient vite un symbole de l’interdit et des fantasmes autour de l’interdit. Dans les représentations occidentales, les femmes du Harem sont très rapidement assimilées aux grandes courtisanes du début du XXe siècle, qui servent parfois de modèles à certains peintres de l’époque.
La poudrière des Balkans et la marche à la Guerre
L’instabilité de la région des Balkans sert de toile de fond au drame de l’Empire Ottoman et reste l’une des causes immédiates de la Première Guerre Mondiale. La désagrégation de l’Empire Ottoman dans l’Europe de l’Est a commencé avec « le réveil des nationalités ». Au cours du XIXe siècle, la Grèce, la Serbie et la Roumanie obtiennent leur indépendance, suivies par la Bulgarie puis l’Albanie au début du XXe siècle. La création de ces nouveaux États monarchistes est encouragée par les puissances européennes qui souhaitent dépecer « l’homme malade de l’Europe » ; la concurrence est rude entre la Russie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni pour contrôler cet espace où convergent des axes de circulation d’une grande importance géostratégique. La Russie soutient les États orthodoxes, alors que l’Autriche-Hongrie contrôle la Slovénie, la Croatie et la Bosnie. L’assassinat du prince héritier François-Ferdinand par un nationaliste serbo-bosniaque, le 28 juin 1914, entraîne le début de la première Guerre Mondiale.